Le Regard sur l'Invisible,
Quand je regarde mon jardin, je pense le voir comme hier,
Ce matin étrangement, le même regard se perd dans l'aujourd’hui.
Mon œil me semble trompé, à ses habitudes de tous les jours passés,
Il me faut chercher ce pourquoi, insaisissable, mais tellement présent.
Le printemps généreux cette année, le repeint soigneusement,
Toutes ces couleurs fleurs sur fond vert, s'alternent fidèlement.
L'activité à plume, animée d'incessants coups d'ailes,
Importante certes, mais reconnue par mon habituel.
L'esprit maternel de la palombe, la mésange et la pie,
Brindille au bec s'acharnent à la construction du nid.
Plus tard le rouge queue, choisira le garage pour habitat,
Mais la visite furtive de la huppe, la saison m'annoncera.
Le fond, endroit réservé aux légumes, où l'oignon se fait fier,
Les herbes aromatiques commencent leur toilette imaginaire.
L'arbre, pas trop habillé, laisse le soleil donner toute sa lumière,
Alors que le vent, gentiment, le mouvement il accélère.
Le prunier a caché ses fleurs, le cerisier ouvre sa vitrine,
Le pin, le palmier, le pistachier offrent une bonne mine,
La vigne excitée par la taille s'empresse à prendre place,
Mais les lilas déjà la couleur naissante, exposent leur grâce.
Je comprends naturellement, que favorisée la mauvaise herbe pousse,
Sans oublier, soumise aux mêmes bénéfices, l'impopulaire mousse.
Devant tous ces charmes, mon appareil accoutumé m'aurait menti,
Ne trouvant pas, le changement à la hauteur de mon ressenti.
Difficile question posée, impossible réponse à trouver,
Chez vous comme chez moi, le temps, de sens n'aurait,
Peut être la solution née, serait de le prendre en regardant,
Aujourd’hui l'invisible dérange et s'invite, la gêne oubliant.
Comme un ami il vous pénètre, comme un ennemi il vous traite,
Son nom je ne prononcerai, car à jamais il restera l'horrible traître.
Regarder son jardin, pas seulement, mais ouvrir l’œil,
Pouvoir s'éloigner, pas forcément, mais parcourir avec ses yeux.
Dans l'herbe, devant la porte ou à la fenêtre, elle s'imposera,
Prend le temps d'ouvrir les yeux et la lumière entrera,
Imprimant l'image, nécessaire à l'évasion tant attendue,
L’essentiel restant un but, l'espoir ouvre en grand cette vue.
Mon regard venait de prendre le temps à mon jardin la lumière.
Gilbert, Mars 2020